Algérie Ma naissance en 1972
Découvrir la Famille
La religion : Dieu, l’ange déchu et Adam, le premier exilé dans l’histoire
Ecole « étude, élève » en 1977
Découvrir la table, l’encre et l’odeur de la craie
Connaitre la rigueur, les devoirs et les bonnes notes et les observations
La compétition, la punition et l’obéissance
Université « étude, étudient »
Découvrir la liberté et mes pulsions sexuelles
La proximité et la mixité
Ecole « travail, employé » 1992
Découvrir le milieu du travail et la hiérarchie administrative
Connaitre l’exclusion des élèves et la déception à chaque conseil
A chaque réunion mon opinion ne comptait pas
Voyage « partir à l’étranger » en 2000
Découvrir Marseille
Connaitre l’indifférence et le vrai visage des immigrés
Finir par haïr à jamais Toulouse
Ecole « revenir au pays » 2000
Découvrir la méchanceté de la mémoire des gens
Connaitre la jalousie des amis
Supporter en silence mon échec
Voyage « arrivé à Paris en 2006 »
Découvrir à nouveau l’envers de la carte postale
Paris est une ville déjà occupé par l’histoire
Connaitre les misères des immigrés parisiens
Je me pose une question : la Banlieue c’est quoi ?
La banlieue est la couche extérieure qui couvre le noyau «Paris »
Banlieue
Découvrir le chaos hors Paris animé par le flux des bus
Des habitants étrangers différents des parisiens
Des enfants beurs et blacks saoulés par les clichés
Mais, il ne y’a pas de fumée sans feu
Connaitre le travail au noir à deux pas de l’Elysée
Travailler du matin jusqu’au soir contre une paie misérable
Travailler le samedi, le dimanche et les jours de fêtes
Connaitre la soumission, l’humiliation et l’esclavage
Apprendre à survivre aux incultes, aux insultes et aux menaces
Se résoudre à renoncer à mon civisme et aux codes de bienfaisance
Je vis dans la peur et je suis en guerre
Paris de 2006 à 2012
Découvrir l’état des lieux
Connaitre l’existence de mots nouveaux : Clandestin, sans-papiers, paria, marginal, préfecture, exclusion et expulsion
Découvrir l’absence de tout indice de progrès dans une société moderne
Seule la Tour Montparnasse reste suspendue au ciel
Le papier prend une place abusive dans la vie des parisiens
Contaminé par l’obsession des français de gaspiller le papier, je commence à mon tour à collecter tout papier prouvant ma présence en France
Involontairement, je suis atteint du syndrome de Diogène
Toute ma vie dépend d’un contrat de mariage ou d’un contrat de travail
En 2007 : Construire un dossier et poser une demande à la préfecture des pays des droits de l’homme
Connaitre le regret et accumuler les refus jusqu’à devenir fou de rage
Au pays des droits des hommes, je ne suis pas un homme. Je suis un clandestin, un cas
Se décider à frapper aux portes des associations laïques et catholiques. Les experts de la défense de la cause des sans-papiers
Les portes se referment devant moi. Je suis boudé parce que je suis un algérien musulman. La bête noire des anciens gouvernements français et à cause de mes origines algériennes, je suis stigmatisé.
Pourquoi, je n’ai pas réussi à régulariser ma situation de sans-papiers ? Des blédards venus après moi l’ont fait facilement grâce au mariage.
Les français ont une grande mémoire et se souviennent très bien de leur histoire liée aux autres. Ils se préoccupent du passé et se de l’avenir.
Je suis au présent et prisonnier des vieux critères. Les français refusent de me regarder autrement qu’un homme arriéré. Je n’étais pas surpris de l’accueil froid de l’association en novembre dernier, lorsque j’offris mon livre à une de leurs responsables.
J’ai déjà compris que les français ne défendent que les étrangers démunis intellectuellement.
Je suis où ?
Je suis au pays des droits de l’homme. Non, je suis au pays des hommes en situation régulière. L’enfer des six ans passé dans l’ombre des immigrés et des français m’a emmené à admettre la réalité des choses.
Je ne suis pas à Paris ! Je suis dans l’arrière boutique. Je me cache derrière un faux prénom et un faux sourire. Puni, je dois faire le tri des grains.
Nous sommes à quelle époque ? Sommes-nous au XXIe siècle ? Non, nous sommes dans la continuité de l’absurde. Les hommes sont des comédiens et la vie est une mascarade. Il est très difficile de me situer dans le temps en France. J’ai souvent l’impression de vivre au moyen âge à cause de la fascination des français à l’histoire des morts. Ils ne me regardent pas, ils regardent derrière eux.
La république française ne voit pas un homme de mon rang et s’incline à Marie Antoinette et à Louis XIV.
Je suis un homme contemporain floué par la présence des morts. Adolf Hitler a plus de présence que moi et je ne serai libre que lorsqu’il sera libre de la mémoire collective.
La chute du colonel Kadhafi, Saddam Hussein et Laurent Gbagbo ne protège l’humanité de rien. Il existe des petits tyrans insoupçonnables qui ne seront jamais jugés pour leurs crimes. Clandestin exploité sans pitié par des petits tyrans, je ne pardonne à aucun d’eux et je ne garde aucune rancune contre eux. Mes Klaus Barbie sont des opportunistes agrées.
Clandestin ou pas ! Je suis l’époux de ma cause et d’une histoire sans fin. Seul, je ne ferais pas le poids face à la politique du tri.
Je ne suis superstitieux et pourtant, je crois que le chiffre 13 me portera chance.
En 2012 l’Editeur publie mon recueil de poème. Enfin, le cri d’une longue souffrance se matérialise. Mon calvaire a un nom, une contenance et une résonance. Sous Le Ciel Gris de Paris porte l’essence amer d’un homme confus.
Mon cerveau n’arrive plus à donner une explication logique à la situation des sans-papiers. A l’école personne ne m’a pas dit qu’un jour je serai l’otage du papier.
J’écris un livre en papier parce que toute ma vie dépend d’un bout de carton plastifié. Je n’ai pas crée ce monde par contre je subis les mauvaises conséquences de l’obscurantisme. Je sais que je me bats contre une vieille force qui m’empêche d’avancer et de progresser. Qui peut changer la nature humaine ? Le civisme du parisien ne le sauvera pas de son appétit pour
Je suis désorienté parce que personne n’est à sa place ? Je suis coincé à Paris alors que Gérard Depardieu est en Russie.
Confus, j’ai envoyé mes livres au président de la république française et au maire de Paris. J’ai reçu une réponse de monsieur T. BROMET.
J’ai envoyé les mots « helpe me » à deux journaux français Le Monde et Le parisien et seul l’un deux m’a répondu. Je ne sais quoi écrire par peur de leur seconde réponse. Les français sont imprévisibles et ne sauvent pas tout le monde. Peut-être, je serai à nouveau ignoré.
Pourquoi ? Hélas, au pays des droits de l’homme et la liberté de l’expression, je ne pèse rien. Mon silence pèse sur moi et je refuse de porter assez longtemps une muselière.
La peur reste mon dernier obstacle à franchir.
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