Il nous semblait qu\’il pouvait y avoir là
une question de principe: dans le doute,
ne soc!été se prétendant ordonnée devrait
s\’abstenir de d lgner ses représentants
les plus quest/onnables à des fonctions
elles que chef de la police. Quant à un
auteuil de Premier !\’llinlstre .•. Il y a un stade
où l\’ordre se dlscrêdlte définitivement.
C\’est bien le ch mln que lave Rê.publique
a entamé au terme d\’une longue dêcompos1t1on
dans laquelle le mltterrandlsme n\’est
ertainement pas pour rien.
Nous ne savions pas à quel point nos
questions éta)ent opportunes. Le journal
n\’ét ait pas encore en vente que nous avions
presque honte : alors que nous nous flatton
de ne pas hurler avec la meute, pour le cou
nous étloRs extraordinairement en phase
avec l\’ensemble des mêdlas et de la classe
politique. \ »Haro sur Pasqua 1\ » .étatl; le cri
nanime. Même Balladur, pour qui c\’était
particullèrèment douloureux, était obligé de
se démentir d\’un jour sur l\’autre. Affirmant
le soir sa solldarlté avec le ministre
de l\’lntêrieur, a5sùrant que les écoutes
de l\’affaire Schuller étalent parfaitement
correctes, pour prétendre le lendemain de
manière êhontêe qu\’il avait été \ »trompé\ ».
Bien sûr, Il y avait de quoi rire. Tout le
onde s\’en donnait à coeur joie. Jusqu\’au
lundi 22 février. Vous ne l\’aurez sans doute
pas remarqué, mals c\’est là que tout a bas
culé. Mol non plus, je n\’avais rien remarqué
J\’ét ais comme tout le monde à attendre la
hute du ministre – et pourquoi pas·celle
du gouvernement – et, -à Maintenant, nous
avions presque mauvaise conscience de tire
sur une ambulance.·
C\’est Dominique Voynet qui a attiré mon
attention par l!n communiqué étrange où elle
s\’étonnait de vol Chirac soudainement si ge
til envers Pasqùa, dès mardi matin, dès le
lendemain de ce qu\’on peut appeler \ » le dis
urs de Marseille\ ». Du coup, j\’ai été rechercher
ce discours de Marseille. Une merveille.
Lundi soir donc, Charles Pasqua, largeent
ébranlé par les attaques de plus en
lus venimeuses qui fusaient, retourne
ur ses terres, à Marseille. Chez les siens.
U fait un premier discours à la chambre de
ommerce – sur l\’aménagement du ternaire
– et refuse de répondr auxjournalist
ur les questions du jour : des pêrlpêtles
ans intérêt, bien moins sérieuses que les
questions d\’aménagement des. Bouches
de lui donner des leçons de moralité.
Mais pour l\’heure, ce n\’est pas
son problème. Son problème, c\’est
Pandraud et tous ces gens qui ont le mauvais
goût de faire campagne pour Jacques
Chirac et qui sont prêts à tout pour remonter
la pente des sondagès.
Envers Chirac, Pasqua se fait mielleux :
• mon ami, mon compagnon • – les observateurs
prétendent qu\’il n\’utilisait plus ces
mots depuis deux ans-, • c\’est à lui de faire
cesser ces attaques, de mettre de l\’ordre,
et s\’il ne le fait pas, c\’est qu\’il le souhaite,
et à ce moment là, les Français jugeront… •
A bon entendeur, salut !
Dominique Vqynet avait raison : le lendemain,
Chirac, Juppé et tutti quanti se
faisaient beaucoup plus compréhensifs. Pour
qu\’ils n\’aient pas l\’air de cons – eux comme
la gauche, comme les journaux, comme les
télés, qui tous avaient été .rappelés à l\’ordre
d\’un seul coup de baguette magique-, bon
prince, Charles leur donne un os à ronger :
puisqu\’on jouait à s\’offusquer des écoutes
téléphoniques Illégales, eh bien, on pouvait
aussi jouer au jeu des espions américains !
Ce qui M réellement mervelileux, c\’est
que ça â marché. Mardi, Balladur revenait
à de meilleurs sentiments. Il se faisait un
pl aisir de décerner à Charles le label de
\ »bon ministre\ ». Mercredi, Il ne restait plus
que Jean-François Hory, \ »Dominique Voynet
et Jean-Marle Le Pen pour oser encore
demander sa démission, mals ça n\’intéressait
déjà plus personne. Seules quelques
dépêches AFP ont cru devoir en rendre
compte. L\’affaire était classée.
Et mercredi soir, Balladur, guilleret, lui
faisait l\’honneur de venir le visiter à l\’improviste,
en toute simpllcitê, sur l\’estrade d\’un
autre meeting, à Puteaux. • Tant mieux si les
choses deviennent plus d/fficfles, donc plus
stimulantes et même plus amusantes …. ,
dit notre beau candidat-Premier ministre.
C\’est vrai que tout ça est terriblement
\ »amusant\ ». • Ne soyons ni tendus, ni
crispés •, conclut-il. Et Il avait bien raison.
Une fois les points mis sur les i, tout pouvait
rentrer dans l\’ordre.
D\’autant plus que, finalement, Chirac
aussi a réussi son coup. Pasqua trouvait ses
amis \ »devenus fous\ ». lis•ne l\’étaient pas
tant. La petite manoeuvre de déstabilisation
a suffi pour montrer qu\’ils n\’étalent pas
morts. Les sondages, gentils garçons, ont
docilement remonté la pente, juste ce qu\’il
fallait pour pouvoir accepter sans difficultés
l\’armistice proposée par Charles.
Mais au fond, de quoi s\’agit-il ? C\’est un
peu tôt pour se faire une opinion complète, surtout quand on débarque avec ses gros sabots dans un monde si complexe, m a1s petit a petit l’image prend de la la netteté, comme un Polaroïd, à vue d\’oell.
En passant de Giscarq,à Mitterrand, nous avons tous cru que nous nous éloignions
un
peu plus de la
république gaulienne
et de tous ses travers
délictueux.
Erreur. Par le
détour glscard1en,
nous étions revenus
aux sources. Mitterrand
avait assez longtemps
observé l\’adversaire pour en comprendre
les méthodes. Le domaine réservé
africain en particulier; li avait êtê payé pour
savoir ce que ça coûte de ne pas en disposer.
Et ce que ça rapporte. Son fils JeanChristophe
n\’était pas très doué, mais les
rouages de la république gaulienne assez
rodés.
Mitterrand savait bien qu\’il ne faut pas
confondr le pouvoir et la sainteté.
La sainteté, c\’est pour les électeurs,
le reste, c\’est le travail. Comme il n\’es
pas feignant, et qu\’il a le sens des
responsabilités, Mitterrand sut d\’entrée
s\’attacher les services de quelques
hommes peu soucieux de sainteté.
Des gens qui connaissent la vie.
Des Irlandais de Vincennes au
Rainbow Warrior, on avait bien vu sous
le précédent septennat que tout
n\’était pas limpide dans le travail
commandité directement par
l\’Elysée. Mais Il a fallu ce septennatci
pour prendre la mesure du
phénomène.
Nous avons fait ce journal sous
le coup de l\’incrédulité face à
l\’affaire rwandaise. On n\’arrivait
pas à comprendre que quelque
chose d\’aussi monstrueux ait pu
se décider au sommet de notre
belle République. Il y avait un mystère
du Rwanda. Pourquoi et comment les plus
hautes instances de l\’Etat s\’étaient-elles
enlisées dans une histoire aussi sinistre ?
Il faut bien lire le discours de Marseille
pour comprendre que la nature de la gestion
de l\’Etat au plus haut niveau est de type
mafieux. Si Charles Pasqua peut parler s1
tranquillement ce langage à ses adversaires,
c\’est qu\’ils peuvent le comprendre.
C\’est aussi leur langage.
Ainsi, Mitterrand n\’était solidaire de
Juvénal Habyarimana – le malheureux chef
d\’Etat du Rwanda mort dans un avion abattu
par un missile malencontreux – que parce
que, dans un gang. le chef se déconsidère s’il abandonne un des siens. Et si Habyarimana s’était montré prêt à pactiser avec l’ennemi, alors il fallait le lâcher. – l\’éliminer?-, car un vrai chef reste solidatre
des siens. Ju qu\’au bout.
Là aus J, ça a marché. Ça a coaté un
petit million de morts, mais tout le monde
a compris le message. A Biarritz, Ils étaient
tous là, !es chefs d\’Etats de France-Afrique,
pour manger dans· la main du grand Sachem.
– Et à l\’heure de la solldarltê, même les plus
déconsidérés étaient de braves types.
Mobutu pouvait triompher. Lui aussi connaît
le métier.
Pour e reposer de ce joli travail, Charles
est parti quelques jours, l\’aurez-vous remar
qué ? Puisque tout était en ordre, il restait
à voir ce qui se passait dans les bases
amères. En trois jours, il a visité cinq pays :
le Sénégal, la Mauritanie, la Côte-d\’Ivoire, le
Gabon et le Cameroun. Il y a rencontré les
chefs d\’Etat, et puis ses amis, des Français
sur place. Juste un petit coucou à la famille.
En Mauritanie, un journaliste, mal informé
des derniers développements, osa lui
demander s\’il y avait un rapport entre sa
visite et l\’élection présidentielle. Il s\’était
bien sûr trompé. Charles était en Mauritanie
au nom de … -Je.vous le donne en mille –
• la coopération active entre les collectivttés
locales mauritaniennes et le conseil général
des Hauts-de-Seine •, dont li est le president.
Quant au fond de l\’affaire, de retour
à Paris, le ministre de l\’intérieur a pu fa1 e
le point. •Il s\’agissait tout bonnement
de savoir si, oui ou non, le docteur
Maréchal faisait chanter monsieur
Schuller. La réponse a été oui. •
Donc, Maréchal pouvait
faire chanter Schuller.
Et Schuller était prêt à
lui verser un million
de francs en petites coupures
pour ceci. Pourquoi ? Quel
était donc l\’horrible secret
que cachait Schuller ?
Quelques pots-de-vin sur
les HLM des Hauts-de-Seine
Mals Charles Pasqua n\’est
pas concerné par cela :
ni en tant que président du conseil
énéral des Hauts-de-Seine .. , qui se
contente d\’accorder une subvention
nnuelle aux HLM, \ » ni en tant que
nl•tre de /\’Intérieur, puisque ceft,
nquête est conduite sous le contrôli
e tPaglstrats \ »•
vie est simple, et les gens
erchent le mal partout.
Circulez, y\’a rien à voir.
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