Il aura fallu sept ans
ET LA NOMINATION à LA BBC
d\’un responsable gay pour que cette noble maison s\’aperçoive que l\’expression \ »to give head\ » veut dire faire une pipe et que \ »La marche du côté sauvage de la rue\ » de l\’ami Lou Reed sentait le souffre.
On connaît plus d\’un de ses camarades censurés pour moins que ça . J\’ai eu la chance
d\’avoir des chansons qui sont passées. Je ne les citerai point, elles passent encore.
Deux cas:
1° L\’Enfant que tu n \’auras jamais (chanson sur l\’avortement), fut la première, non pas censurée officiellement, mais ignorée des parents, qui n\’ont pas entendu le gros mot vociféré par leur progéniture lors du banquet annuel.
2° La chanson Touche pas à mon pote, que mon ex-camarade Bashung avait si bien portée lors de la soirée SOS Racisme, ne passa carrément jamais sur les ondes.
Sur certaines chaînes, rien d\’étonnant, plus à droite que certains responsables : les toilettes dans la cour. Sur d\’autres, la peur d\’être assimilé à un mouvement politique… etc., etc.
Quand je suis allé voir le Théâtre Yiddish en Pologne, les vieux qui parlent cette langue
courammeQt écoutaient quand même la trad aux écouteurs. Montrer qu\’ils comprenaient le yiddish ne pouvait que leur attirer des emmerdements.
À l\’heure où je vous écris, on offre deux cérémonies à la honte d\’Auschwitz
« Arrête, arrête, ne me touche pas !
JE T\’EN SUPPLIE, AIE PITlÉ DE MOI »
Les premières paroles de ce tube (période \ »sixties\’? que nous devons au talent et à la vo1xtrauma
de Patricia Carli – hit unique qu\’elle
f ît-, pourraient être celles de la complainte du
journaliste 4 x 4* censuré. A condition, bien sûr, de substituer au corps trop désirable de l\’infortunée Patricia Carli, le texte en voie de mutilation de l\’auteur: « me .. (le corps) devenant « le »(le texte). L\’ergonomique tandem Elka-Balla à censure intégrée, pour franc, évident et exemplaire qu \’il soit, ne saurait être l\’herbe folle qui masque la forêt. Cet écran limpide cache d\’autres formes de censure : moins franches, plus
insidieuses sinon sournoises et mesquines. Celles-ci empruntent à la méthode de
l\’autocensure. Des deus ex machina, petits chefs généralement en panne d\’écriture, sectaires pour ne pas dire fondamentalistes …, décident de ce qui doit être montré, dit, écrit, ou pas. Leurs ukases tombent sous les prétextes les plus divers : l\’actualité, le lecteur, la pub, la place, le sujet… Autant de paravents dissimulant plus ou moins habilement les métastases de leur complaisance vis-à-vis des pouvoirs – gauche-droite
réunis, tout en affirmant le leur, fût-il dérisoire. Tout ce la serait amusant et re lèverait de
\ »la gazette de bon ton\ » si ce n\’était au détriment de l\’information. \ »L\’affaire\ » du Rwanda est, à cet égard, éclairante et, enfin !, labourée par Maintenant n° 1 et n° 2 (M. Sitbon et C. Brackman). Partit il y a plus d\’un an au Rwanda en free-lance, mon reportage, au retour, a été ignoré, refusé par quelques rédactions parisiennes toutes sensibilités confondues … Un esthète se penchant sur les heurs et malheurs d\’un peuple aristocratique hanté par la mort hutu, c\’est vrai ! ça ne fait pas sérieux .. ., surtout
si cette so llicitude dérange la politique \ »outremer\ »
– prudent euphémisme – , d\’un gouvernement socialisant.
Jean-Marie de Busscher, auteur.
Existe-t-il une censure
DANS LE SHOW BUSINESS ?
On ne peut pas à proprement parler de censure dans le show business. Sortir un disque est un tel parcours du combattant qu\’avant qu\’un quidam entende un titre, 11 faut que des
dizaines de personnes l\’a ient trouvé
convenable ; c\’est-à-dire susceptible de rapporter de l\’argent. Alors vous pensez,
quand il sort, il n\’y a rien qui dépasse !
En fait , on ne censure pas les disques. On censure les artistes qui ne peuvent être
entendus que quand ils se décident enfin à raconter ce qu\’il convient de raconter. Mais
attention !… Pas selon des critères moraux ou philosophiques ! Non, bien sûr, les critères sont financiers. Si les maisons de disques considèrent que, frais de procès déduits, il va être plus rentable de chanter \ »mort aux pédés\ », ou \ »j\’encule les flics\ » que \ »j\’aime les blondes\ », inutile de dire qui sera frappé d\’interdit.
Alors le talent, c\’est peut-être de dire le premier ce que le public murmure en cachette.
Ce que pense l\’artiste, ça ne regarde personne. C\’est sa vie privée et là tout bon journaliste vous le dira : on a une déontologie … ! On ne touche pas à la vie privée … !
Charlie Charriras, musicien.
La censure a existé de tous temps,
MAIS ELLE PARAÎT AUJOURD\’HUI PLUS PRÉSENTE
car nous vivons une époque relativement \ »libre\ », paradoxe de la vie. Je me
suis trouvée confrontée à elle pu isqu \’on m\’a
évitée quelques fois pour cause de moeurs
légères. Ce qui m\’a en fait le plus gênée dans ces habitudes diverses, c\’est le comportement en revanche toujours authentique : l\’incapacité de me dire en face les raisons d\’un refus de m\’inviter à une émission, de me rencontrer, etc. Il semblerait donc que les censeurs sont des gens plutôt lâches. Ils se réfugient généralement
derrière la famille et ces chères têtes blondes qu\’il faut protéger, mais ils sont
incapables de vous tenir un discours cohérent sur les motivations de leurs
actes réprimants.
Restons vigilants, la liberté se perd toujours plus vite qu \’elle ne s\’acquiert…
Brigitte Lahaie, sex-star
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