Selon les syndlcaflstes, le ministre de l\’lntérleur
aurait donné froidement Instruction au RAID
d\’abattre Erlck Schmitt, allas HB, lors de la prise
d\’otage de la maternelle de Neuilly. Charles
Pasqua aurait ainsi voulu faire appliquer la peine
de mort que le Parlement a abrogée mals dont Il
souhaite le rétablissement. Pour M9 Francis 5arda,
avocat du ministre, ces allégations sont dénuées
de fondement et n\’ont d\’autre but que de • se
payer • un adversaire polltlque exerçant de très
hautes fonctions en prétendant Ignominieusement
qu\’ll aurait commandité un meaptre. En réparation,
Il demandait le franc symboftque de dommages et
Intérêts ainsi que la publlcatlon du Jugement – aux
frais du SM – dans une dizaine de grands Joumaux.
• Présidé par Martine Ract-Madoux, le tribunal,
pour pouvoir Juger de la véracité des allégations
des uns et des autres, a cherché à comprendre ce
qui avait bien pu se passer à Neuilly en mal :1.993.
Une tiche d\’autant plus dlfflclle que l\’affaire de la
matemele fait par ailleurs l\’objet d\’une Instruction
Judiciaire en cours, de nombreuses pièces utlles
étant donc couvertes par le secret de cette autre
Instruction. Pas de chance : Daniel Boulanger, le
pollcler qui a tué Erlck Schmitt, n\’a pu témoigner
à !\’audience car Il est Justement en mission à
l\’étranger cette semaine. Flcheμse coïncidence,
le commissaire Jean-Claude Borel-Garin, qui avait
supervisé l\’assaut, était lul aussi empêché.
Vraiment pas de chance, le préfet des Hauts-deSeine
était également retenu par ses fonctions.
Quant à Charles Pasqua, ministre en exercice,
dont le témoignage était également requis, D
n\’avait pU obtenlr à temps !\’autorisation du Conseil
des ministres de se présenter à la barre.
• Quoi qu\’ll en soit et avec les moyens réduits
dont Il disposait, le tribunal a entendu quelques
protagonistes de l\’affaire. M• Thierry Lévy, avocat
des syndlcallstes, a pu questionner divers
témoins : Louis Bayon, le chef du RAID ;
Loïc Jeannot, !\’Inspecteur du RAID chef des
opérations ; André Duquesnoy, le pollcler du RAID
càéqulpler. de Boulanger ; Pierre Lyon-Caen,
procureur des Hauts-de-Seine à l\’époque, Evelyne
Lambert, le médecin des pompiers, etc.
e M• Lévy semblait hésitant. Ses questions
étalent décousues. H ne paraissait pas remarquer
les Incohérences des témoignages des poUclers du
RAID. Le simple observateur était d\’abord frappé
par la physionomie patlbulalre et le niveau
lnteDectuel partlcullèrement bas de ces pollclers,
en contradiction avec leur Image publique de
\ »corps d\’élite 181\ ». Bien que cbacun d\’entre eux ait
soigneusement apprit sa leçon, Ils ne savaient
comment répondre aux questions sinon par des
Improvisations peu convaincantes.
• Puis vint l\’heure des plaldolrles. M• Thierry Lévy,
sortant de ses h6sltatlons feintes, ftt soudain
ll Lp reuv e d\’une terrible lodtlue· Son raisonnement se
(…)
déroulait Implacablement, Intégrant un à un
chaque détail de chaque témoignage, faisant
surgir une cohérence des comportements,
dévoilant une virlté possible. La … ,. virtlé
poallda? • A !\’occasion d\’un détoumement d\’avion pendant
la premlire cohabitation, Charles Pasqua aurait
élaboré sa doctrine en matière de prise d\’otages :
abattre les crlmlnels. Dans l\’affaire de NeulDy,
selon un haut fonctionnaire de son ministère, Il
aurait donni l\’ordre d\’abattre Erlck Schmitt une
Joumée avant l\’assaut. Sur place, le commandement
des forces de l\’ordre revenait au préfet
sous le contrôle du procureur de la République.
Pour exécuter le meurtre, Il aurait donc fallu
attendre que le procureur, épuisé par la fatigue,
alHe se coucher après quarante heures de veDle.
Pour s\’assurer qu\’ll ne reste pas sur place, on lul
refusa mime un &lige. Quant à son substitut, qui
resta à la matemelle, on ne le laissa pas pén6trer
en salle de commandement.
• Bayon, le chef du RAID, ayant manifestement
émis des ob)actlons, on dépêcha sur place le
directeur général de la poDce nationale, qui
s\’entretint nuitamment avec Borel-Garin, le chef·
adjoint du RAID. Borel-Garin attendit que Bayon
s\’endorme pour prendre la direction des
opérations. Il demanda que l\’on administre un
somnifère au preneur d\’otage. Les médecins des
pompiers et du SAMU s\’y opposant, Il convoqua
un spéclallste, le D\’ Lamour. Il fit servir à Erlck
Schmitt par Evelyne Lambert et à son Insu le
somnifère mêlé à u.n.café.11 fit constituer l\’équipe
d\’action par !\’Inspecteur du RAID Jeannot (chef
des opérations) en choisissant des pollclers
connus pour avoir la gâchette facDe. Boulanger, qui
a abattu Erlck Schmitt avait déjà tué lors de
l\’affaire de la mosquée de Paris. Une fols Erlck
Schmitt profondément endormi par le somnifère et
après quarant&tllx heures de vellle, D envoya ses
hommes en soullgnant la dangeroslt6 du preneur
d\’otages, bardé d\’exploslfs, et qu\’ll fallait
\ »neutraliser\ » au moindre gesteia1.11 omit de leur
Indiquer que l\’homme dormait. Entré dans la pièce,
et alors que !\’évacuation des enfants s\’effectuait
dans \ »un vacarme monstrueux\ », Erlck Schmitt
ouvrit une paupière. Se considérant menacé et en
légltlme défense, Boulanger lul tira trois baDes
dans la tête, quasiment à bout portant. Peu après
Charles Pasqua déclarait : • Force est restée à la
loi, le forcené est mort. • Borel-Garin fUt nommé
chef du RAID en remplacement de Bayon.
• Est-ce la vérité ? On ne le saura peut-être
jamais. Plusieurs sources auraient pu révéler
le secret. Erick Schmitt portait une cagoule.
L\’analyse des Impacts de balles aurait pu
montrer s\’il dormait ou non et à quelle
distance ont été tirés les coups. Malheureusement
un policier – non Identifié – a Immédiatement
fait nettoyer la cagoule, détruisant
une pièce à conviction essentielle. Par
ailleurs, le RAID avait placé une, voire deux
caméras dans la salle de classe. L\’ensemble
de l\’action a été filmée. Malheureusement le
RAID, qui dispose de matériels ultrasophistiqués,
ne sait pas se servir d\’un
magnétoscope. Les cassettes vidéo sont
illisibles et n\’ont pu être utilisées lors du
\ »débriefing\ ». Le Jugement a été placé en
délibéré. Il sera rendu le 7 mars.
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