Que dire de la révolution malgache ?
Déjà en septembre, alors que le premier ministre népalais démissionnait sous pression populaire, suite à l’insurrection de la Gen Z, on apprenait qu’à Madagascar aussi, la même Gen Z voulait tout changer. Quelques semaines plus tard, l’explosion s’est produite. Là aussi, la répression aura eut beau s’abattre au maximum, gendarmerie et milices tirant à balles réelles sur la foule, faisant là aussi des dizaines de morts, le souffle de la révolution a tout emporté.
C’est hier, samedi 11 octobre, un mois après la révolution népalaise donc, que l’armée s’est ralliée à la foule, laquelle en dépit de son parti pris de non violence parvenait à faire détaller les unités de gendarmerie chargées de la réprimer. D’une certaine façon, on peut dire que l’armée aura volé au secours de la victoire du peuple, permettant de la parachever en un instant.
Ultra-soutenu par Paris, le président Rajoelina s’accroche à une fiction de pouvoir, osant produire un communiqué où il prétend disqualifier le changement survenu, alors qu’il se terre, probablement à l’ambassade de France, ne pouvant facilement s’enfuir du pays, les militaires insurgés ayant ordonné de contrôler tout départ de l’aéroport de la capitale.
Ainsi se termine, espérons pour de bon, la longue histoire coloniale et post-coloniale dont Madagascar a été particulièrement affligée, ses richesses ne profitant jamais à la population, privée d’eau, d’électricité, de routes et parfois même de manger, mais surtout totalement privée d’espoir.
Le soutien actif de l’Élysée au régime ultra-corrompu de Rajoelina ne restera certes pas à l’actif de la politique d’Emmanuel Macron. La gendarmerie qui tirait sur la foule portait des gilets pare-balles sorti des stocks de la gendarmerie française. Une gendarmerie formée à la française – à l’école la plus criminelle. La nouvelle cheffe de cabinet de Rajoelina, venue de France il y quelques jours pour tenter d’éteindre la crise, n’aura servi qu’à désigner un militaire, formé en France, au poste de premier ministre, affirmant la volonté d’imposer par la force le maintien du régime honni par la rue. Elle est réputée pour ses bons contacts dans l’entourage de Macron – ajoutant un dernier chapitre à la honte françafricaine.
En même temps, comme il se doit, on devait mettre à l’actif du Président Macron d’avoir engagé l’année dernière un grand chantier historique d’investigation sur l’effroyable répression de l’insurrection de 1947… À l’occasion d’un voyage dans la grande île, il annonçait ce projet tout en prononçant par avance un discours de repentance tout-à-fait approprié. On peut seulement regretter que cette approche éthique du passé serve d’accompagnement au soutien très actif apporté à un régime dont la mauvaise gouvernance est plus que manifeste.
D’ores et déjà, les stratèges s’inquiètent pour les îles Éparses, sur lesquelles Madagascar ne devrait pas avoir top de mal à faire reconnaître ses droits – et qui intéressent tellement la France, surtout depuis qu’on y a trouvé d’importantes réserves de gaz, de méthane, de cuivre et d’on ne sait quoi encore. Espérons que la justice internationale reconnaisse le droit d’exploiter ces richesses aux Malgaches qui en ont certes plus grand besoin que leur ancienne puissance coloniale.
On peut se réjouir qu’après avoir exfiltré le Président Rajoelina, l’armée française se soit engagée à ne pas intervenir, par la voix de Macron, qui a cru devoir préciser que les forces prépositionnées à la Réunion ne bougeraient pas…
Ainsi s’est donc produit ce qui pourrait être une grande révolution à Madagascar, le début d’une ère nouvelle, la vraie fin de la Françafrique.


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