Vertige de la page blanche, trente ans après, reprendre Maintenant. Prétendre éclairer son temps avec de l’info, de l’analyse, rien que de l’info et de l’analyse. Revue de presse.
Pour la fête de l’Huma, prévue pour la mi-septembre, le directeur du journal du Parti communiste, Fabien Gay, lance un appel sur double page de son numéo de la fin mars : « Bâtissons la paix universelle« .
Pour un tel programme, il est bon de s’y prendre à l’avance. Page 13 de ce même numéro de l’Huma, un autre titre va dans le même sens : « Les Palestiniens manifestent pour la paix et contre le Hamas« . Depuis deux jours, au nord et au sud de la bande de Gaza, là où des bombardements intensifs de l’armée israélienne ont repris, après deux mois de trêve, par centaines, les habitants, réfugiés sous les bombes, ont défilé avec de simples revendications : « Arrêtez la guerre« , « Nous voulons vivre en paix« . « Nous voulons manger« …
Maintenant, Gaza.
Mon dieu quelle horreur ! La reprise des bombardements…
Il y a deux mois, on voyait la foule remonter le long de la plage. Dès le premier instant du cessez-le-feu, un peuple s’était mis en mouvement. Tous les déplacés remontaient vers le nord, vers chez eux, où ils ont retrouvé leurs maisons le plus souvent pulvérisées. Là ils ont installé des tentes entre les gravats et tenté de continuer à vivre, alors même que l’aide alimentaire est suspendue, tout approvisionnement empêché. Et voilà que les bombardements ont repris.
Simultanément, la même politique se déploie en Cisjordanie, où les camps de réfugiés sont pareillement détruits méthodiquement.
« Ça » nous regarde… Et nous y jetons un œil aussi, presque distraitement, presque blasés.
On débat doctement pour savoir comment qualifier l’horreur juridiquement. L’indignation se mesure au vocabulaire. Si je refuse de parler là de génocide, ne suis-je pas en train d’accepter ce que je qualifie de crimes contre l’humanité ? D’ailleurs, c’est vrai, pourquoi discuter d’un mot quand la réalité est si monstrueuse qu’elle laisse sans voix ?
Et si je dis génocide, voilà que je me compromets avec l’antisémitisme ambiant…
De même, si je m’affiche sioniste, me voilà complice de la plus sale opération militaire. Anti-sioniste, je n’ose me revendiquer à l’heure de toutes les confusions.
Mais comment mettre un terme au cauchemar des Palestiniens ? Comment arrêter ce que tous dénoncent comme une « deuxième Nakba », l’expulsion des Palestiniens y compris de là où ils s’étaient réfugiés à la première « Nakba, en 1948 (eux-mêmes ou plutôt leurs parents et grand-parents).
Les dés semblent jetés. C’est comme s’il était trop tard. Le rouleau compresseur israélien écrase tout, ne laisse pas le choix. La protection américaine suffit – et semble indispensable, au moins pour maintenir l’approvisionnement en munitions dont l’armée israélienne fait une telle consommation qu’il lui faut copieuses fournitures permanentes de Washington. La pression internationale, inexistante. Même la presse s’émeut peu. Seule une fraction de l’opinion s’arc-boute sur le drame palestinien, en fait une affaire personnelle, mais c’est comme une affaire privée, chacun avec sa conscience, dans son église intime, où on réserve sa colère à ses proches, mais consensuellement la société se détourne, et, globalement, ne fait pas scandale.
Au contraire l’opinion serait divisée. Certains approuveraient le massacre des Palestiniens ?
À n’y rien comprendre. Les nazis français se voient dérouler le tapis rouge à Jerusalem… Américains et Russes pactisent en Ukraine, sur le dos des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, livrés au déchaînement de l’armée israélienne placée sous l’autorité d’un gouvernement jusque-boutiste dont la seule chance de survie est dans la continuation de la guerre à outrance.
Maintenant, la paix
Pour sortir de cette effroyable cauchemar, il n’y a qu’une solution : la paix sans délai. Le silence des armes. À Gaza comme en Ukraine, comme partout – au Soudan… Il faut que les armes se taisent. Cette évidence est loin d’être à la mode. Il faut qu’elle le devienne. Et cela n’interdit pas, au contraire, la création d’une armée de la paix européenne. S’il faut désarmer toutes les armées, il est probable qu’il en faille une, d’armée, une armée pour la paix.
Mais c’est surtout la diplomatie qui doit renforcer ses divisions, pour faire valoir à la communauté internationale la nécessité impérieuse et urgente de mettre hors la loi la guerre, et de procéder au désarmement mondial. Les conflits doivent se régler par la diplomatie, et lorsque celle-ci échoue, c’est à des cours internationales d’arbitrage que l’affaire est transmise. À l’âge de la force doit succéder celui de la raison, un véritable droit international, auquel aucun État peut se soustraire d’aucune façon.
Mettre la guerre hors-la-loi, l’interdire absolument, peut sembler une utopie, mais cela pourrait bien commencer par la création de l’armée de la paix européenne, celle-là même qui s’élabore aujourd’hui dans l’espoir de garantir une sortie digne pour l’Ukraine et imposer une paix durable à l’Est de l’Europe. C’est dans le même mouvement qu’il faut déployer une armée de diplomates, européens et, pour défendre le projet de paix universelle dans toutes les chancelleries, auprès de tous les États du monde, dans l’idée d’obtenir une majorité écrasante à l’Assemblée générale de l’ONU pour voter d’une part l’interdiction des guerres et le désarmement général, et d’autre part l’instauration d’un droit international universel.
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