Ils prient pour nous

Si le but de l\’Opus Dei est de faire triompher le catholicisme d\’État, l \’exercice du pouvoir est sa raison d\’être . Le pouvoir sous toutes ses formes, économique et politique d\’abord, médiatique et judiciaire ensuite. Avec les juntes militaires, l’Opus s\’identifie au parti unique. Avec les démocraties, ses membres défendent une même conception de l\’ordre moral au travers de partis concurrents. Pour eux, tous les compromis idéologiques sont possibles pourvu qu\’ils conservent le pouvoir en leurs mains. Sans s\’y référer, ils ont fait leur la devise du Guépard : « Il faut que tout change, pour que rien ne change et que nous restions les maîtres. »

Voici un encart

L\’Opus Dei a multiplié les tentatives d\’implantation et les échecs avant de trouver son créneau en France. La brèche consistait à suggérer une proximité idéologique avec le pétainisme tout en soulignant que, contrairement à l\’ex-maréchal Pétain, l\’Opus et le général Franco s\’étaient abstenus de collaborer ouvertement à l\’expansionnisme hitlérien. Aussi l \’Œuvre divine trouva-t-elle des soutiens, non seulement chez les nostalgiques du fascisme français, mais aussi chez ceux des gaullistes qui avaient combattu contre les Allemands plus par patriotisme que pour défendre la république face au nazisme.
Dans les années cinquante, l’Opus Dei s\’établit solidement en France, sous couvert de l\’Association culturelle universitaire et technique (ACUT), autour de deux jeunes gens de bonne famille : Catherine Bardinet (héritière des rhums Négrita-Bardinet) et le comte Jacques d\’Armand de Châteauvieux (héritier des Sucreries et rhumeries de Bourbon, implantées à l\’île de la Réunion).
Elle dispose alors d\’un comité de parrainage prestigieux, où figurent notamment des gaullistes historiques comme la maréchale Thérèse Leclerc, comtesse de Hautecloque, et Maurice Schuman (\ »La voix\ » de la \ »France libre\ », futur ministre des Affaires étrangères). Quant aux pétainistes comme Paul Baudoin (ex-ministre des Affaires étrangères de Vichy), ils se font discrets. D\’éminents juristes se joignent à eux, dont le civiliste René Capitan, le futur garde des Sceaux Jean Foyer, ou encore le futur membre du Conseil constitutionnel, Georges Vedel.
Afin de promouvoir la \ »civilisation catholique\ », les disciples du \ »padre\ » s\’engagent en politique à titre personnel mais sous l\’autorité spirituelle de leur directeur de conscience. En cette période, deux membres de la secte jouent un grand rôle – éphémère mais considérable – dans la sphère politico-financière : le président de la Banque des intérêts français (BIF), Edmond Giscard d\’Estaing, et le président des Indépendants et paysans, Antoine Pinay. Mais l\’Opus, organisation élitiste, échoue à trouver un parti populaire pour relayer ses idées.
Une nouvelle percée est tentée à travers le soutien apporté à Valéry Giscard d\’Estaing, fils d\’Edmond. Grave erreur ! Le fils prodigue utilise les cathos-fachos pour parvenir au pouvoir mais ne rêve que de \ »gouverner au centre\ ». Il ira même jusqu\’à libéraliser l\’avortement.
Pire, il prend ses distances avec l\’Œuvre divine après l\’assassinat en 1976 du prince Jean de Broglie, le trésorier de son parti et financier occulte de l\’Opus[[Le pr111ce Jea11 rie Broglie lui aSSdSsi né e11 1976. On tenta cle taire parler le chapeau a Guy Sr111011é. un polrc1er qur C1ura11 commandite le m e u r Ire. Mais quelq ues a11nees plus tard. l affaire Matesél pern11 de lever le voile sur les mob il e  clu cr iine 1 Rol;ind Dur 11as . avocat cle Sunone. 11 111 i;11 ev1cle1w e le::. Ju  11::, Uu prince  ver la lvlatesct 1esp<1g11ol0 via l a Sodel ex l111.embow gP01se . .. Une \'111//lt le μtus approfondie awn!I de11wr1t1e quf\' Mates.-1 11fml un 1n!>l1u – 11t_,nl tle J\’01ws D1:i1 e pd  nol . riant lr.i:;, rar:11lica Î10ns !> ·l:1t:11rlent (i 1 C11 – opr1 occ1clt2ntfl/tJ. Aucune 11vP t1ga/1011 n ·a êtt.-. laite c/11 côte rlt:s 111for111at1011!-J Jlltltnnucs OU\\lertes ,·if\\lntfud d ci Ltr-:e111bOJlf# à re s111et L\’cxμl1raJ1011 de ci.:Ue ,1/Jsten/1011 PS1dc  ;ms cloul i\ »• Zeanl  et. J1tinf lc \’ï ,11111  cl11111111C(\’ ile 810,!J./lrJ \ »]]. Il choisit néanmoins le très catholique professeur d\’économie, Raymond Barre, comme Premier ministre. Comme tout se paye un jour, y compris l\’ingratitude, le président Giscard d\’Estaing se trouvera manipulé lors d\’une gigantesque escroquerie : le scandale des \ »avions renifleurs\ ». Les milliards détournés n\’ont pas été perdus pour tout le monde, et les escrocs, tous disciples du \ »padre\ », se sont envolés. Les finances des giscardiens n\’en finissent plus de croiser celles des opusiens, pour accoucher parfois de fins tragiques. C\’est ce qu\’a montré notamment le cas de Xavier de la Fournière (trésorier de campagne de Valéry Giscard d\’Estaing), \ »opportunément\ » décédé en prison préventive en 1993. Et nous ne saurions trop conseiller au trésorier de l\’UDF, le comte Gérard de la Loyère, de rester prudent : n’était-t-i1 pas le suppléant de Jean-Marie Daillet, ancien porte-parole de l\’Œuvre ?
En 1981, l\’Opus Dei doit faire face au pire : le triomphe de l\’union de la gauche socialo-communiste. Vient heureusement en 1986 la cohabitation. C\’est un opusien et par ailleurs administrateur du Club de l\’horloge[[1 e Ch rl1 Li1\’ l11ur Inge csl llliC êl \’lOClétllOll de tpr l11111c1 é\ »1l•\’<.., rJ\'c;d 1 è111e _!iode. Il  ·11,: 1 01nplovC: ;1 \'2iOfPlUIPI l e  Hfé( I.., dt\") la d 1wte rJvi.·c l111 e  e111.1n IH.111e lie g;rnr l1P.]], le comte Michel de Montaigne de Poncins, qui imagine l\'argumentaire du \"capitalisme populaire\" nécessaire pour faire passer les privatisations. Cette théorie est développée par une association maison (les Catholiques pour les libertés économiques) et mise en application par le pieux Edouard Balladur. Après avoir aidé ses membres à s\'approprier les grandes entreprises nationales, l\'Opus Dei en revient à l\'ordre moral. Les disciples du \"padre\" participent à la fondation de Combat pour les valeurs, dont le vicomte Philippe le Jolis de Villiers de Saintignon devient le président.


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