La chasse aux jeunes est ouverte

16 novembre, cité du Chevaleret,
dans le XI 11• arrondissement de
Paris. Une querelle de vo isinage
oppose des jeunes locataires à l\’une
de leurs voisines. Elle leur reproche
de fa ire du bru it dans \ »son\ »
couloir ; ce qui lui aurait valu d\’être menacée
avec un cutter.
Les policiers dépêchés sur les lieux arrêtent
immédiatement l\’un des jeunes. Celui-ci résiste
à son interpellation et ses copains protestent en
tapant sur le fourgon où on l\’a jeté, menotté,
direction la prison.
Deux jours plus tard, la porte de la plaignante
aurait subi \’des dommages.
Avec un peu d\’imagination et la volonté de ne
pas envenimer les choses, tout cela aurait pu
rester une histoire de voisinage assez banale,
qu\’une bonne discussion aurait facilement
résolue. Mais la souris a accouché d\’une
montagne …
Le 14 décembre, un mois plus tard, à 5 h 45,
la cité est envahie par les policiers. Une armée
de civils investit les cages d\’escaliers tandis que
CRS et maitres-chiens patrouillent entre les
bâtiments; cinq appartements sont
perquisitionnés, sans aucun résultat. Pourtant,
cinq jeunes sont arrêtés puis écroués sous
l\’inculpation d\’ \ »agression armée et coups\ ».
Un mois après une altercation bénigne entre
voisins, la police procède donc à une rafle dans une
cité et un juge fait incarcérer six personnes sans
qu\’aucun certificat de coups et blessures n\’ait été
établi, toute l\’affaire ne reposant que sur l\’unique
témoignage de l\’une des parties. Un témoin déclare
par ailleurs que l\’un des inculpés n\’était pas encore
rentré du travail au moment des faits.
Tout ces jeunes sont français mais, comme
il est devenu de bon ton de préciser, \ »d\’origine
maghrébine\ » (un septième jeune avait aussi été
interpellé et, ayant la chance d\’être un \ »vrai
Français\ », il eut aussi celle d\’être relâché).
Les riverains de la cité du Chevaleret n\’ont
pas été très étonnés. Depuis quelques semaines,
les contrôles d\’adolescents, au faciès, s\’étaient multipliés, et la présence policière était devenue particulièrement pesante.
Depuis, une courageuse pétition anonyme circule, remerciant \ »spontanément\ » les forces
de l\’ordre. Par contre, lorsqu\’au conseil
municipal du xv111• des militants du MRAP,
de Ras l\’Front et de SOS racisme – avec certains
habitants de la cité – ont tenté d\’intervenir sur
ce dossier, la réaction de tout les élus à été
unanime: union sacrée contre contre la
délinquance juvénile, gangrène moderne de nos
cités. Les moins virulents n\’étant pas les
représentants du PS ou du PC. Nous sommes
en période électorale et il ne fait pas bon risquer
se faire traiter de laxiste …
Mais quel que soit le désir des uns ou des
autres de chasser sur les terres du Front national,
la disproportion entre le trouble à l\’ordre public
occasionné par l\’incident de départ et son
traitement juridico-policier laisse une
désagréable impression de manipulation.


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